"Verre cassé" de Alain Mabanckou

"je voudrais surtout qu'en me lisant on dise "c'est quoi ce bazar, ce souk, ce cafouillis, ce conglomérat de barbarismes, cet empire des signes, ce bavardage, cette chute vers les bas-fonds des belles-lettres, c'est quoi ces caquètements de basse-cour, est-ce que c'est du sérieux ce truc, ça commence d'ailleurs par où, ça finit par où, bordel", et je répondrais avec malice "ce bazar c'est la vie, entrez donc dans ma caverne, y a de la pourriture, y a des déchets, c'est comme ça que je conçois la vie, votre fiction c'est des projets de ringards pour contenter d'autres ringards, et tant que les personnages de vos livres ne comprendront pas comment nous autres-là gagnons notre pain de chaque nuit, y aura pas de littérature mais de la masturbation intellectuelle ..."

Plusieurs fois primé, ce roman qui défie toutes les règles de la langue française, qui renie la synthaxe et la ponctuation, est un vrai phénomène. Journal troqué sur un comptoir, il relate le quotidien du Crédit à voyager, un bar congolais tenu par un révolutionnaire que l'on nomme l'Escargot entêté. Lieu de refuge des plus démunis, il est le point de ralliement des histoires les plus désolantes que nous livre Verre cassé, un habitué sexagénaire dont le passé est lui-même semé d'embûches.

Dans une Afrique pauvre et affamée, ne restent plus que le passé et les souvenirs pour raviver quelques bonheurs oubliés et surtout quelques querelles passées. Dans cette empoisonnante débauche de haine et de trahison, le lecteur retrouve un personnage commun que l'on nommera Diabolique portant les traits d'une femme. N'en déplaise à la gente féminine, il s'agit bien ici de parler d'adultère, de mensonges, de sexe et d'alcool ...

C.

Ma note :